jeudi 3 janvier 2008

Message n° 3. Mai 2007. From me 2 U !

Henry.
Saigon, un soir de belgitude ...

49 ans ce soir ... (encore que ... faut me voir par nuit de pleine lune et en période de brame !)
Je suis rentré dans ma chambre et j'ai dit : "Bonjour les murs" Ensuite ? Dodo ... ! (Heu, détail qui ... l'ortographe ... je vous l'ai dit un jour : Victor Hugo, Albert Einstein et Werner Von Braun faisaient des fautes comme des maisons ... dans ce cas ... !)
"Il faut aimer une orchidée brusquement épanouie sur la jungle, un beau cheval, un geste d’enfant, un trait d’esprit, un sourire de femme. Il faut admirer toute beauté au passage, la découvrir fut-ce dans la boue et l’élever vers Dieu. Mais ne pas s’y attacher. Car elle n’est qu’un scintillement et nous sommes fait pour le soleil, non pour la mare obscure où se joue ses reflets".
Parce que nous sommes pétris d’une matière éternelle, nous cherchons toujours, obstinément, désespérément, à construire du durable. Peut-être est-ce pour cela qu’il y a tant de joie à bâtir une belle maison ou … d’avoir un fils.
… En fait, c’était mon premier Noël sans toi François ... pigé là, capté ... ?
(Ici, tu passes pas ton temps à faire des périphrases, à montrer que t’as lu le dico’, tu vas à l’essentiel ... mais bon, de temps à autre, c'est vrai que je me laisse aller ... )
Un peu plus d'un mois que j’ai quitté le pays. Je rédige à l'appart' (le même que par le passé, le boss a pris un satellite qui offre 70 chaînes !!!! C'est intéressant : j’ai des chaînes japonaises ou on peut voir des gars qui se tapent des tartes à la crème sur la tronche, TV 5 qui donne des news des ripoux de Charleroi - à propos, le Prince Laurent il a toutes les qualités pour en faire partie... ben vi, du PS de Charleroi ! - et de l’autre pochetron d’Ans ; la cerise sur la Chantilly ce sont les chaînes américaines, ils n’ont pas leur pareil pour élever la débilité au niveau de grand art : soit on te parle du faux anus de Castro à la Havane, soit on te parle du vrai trou du cul de Washington ...) pour ensuite uplowder dans un cyber café. Ce système me permet d’écrire à l’aise dans ma chambre, à l’heure de la sieste, alors que Thuy est à la fac’ où elle enseigne. Ensuite nous prenons le thé à son retour et parlons de nos projets. Projets auxquelles je t'associe fiston.
Ma démarche première en dégageant et beaucoup d’entre vous en sont persuadés du bien fondé était motivée par la dignité, dignité d’avoir un travail …

« Là où je vais, je serai tellement loin de tout que mes voisins les plus proches sont les Dieux en personnes ».
Je ne sais plus où j’ai lu cette phrase, mais elle me plaît et me convient.
Car là où je suis, il est vrai que ça passe où ça casse, c’est du cash, pas de compromis possible. Jungle law man …Certains de mes potes se plaignent que je truffe constamment mes emails de mots d'anglais. Faudra faire avec : c'est pas à 50 piges que je vais changer de personnalité, merde !
Mes envies de bosser dans le tourisme devront patienter jusqu'à .... pour des questions de planing du patron potentiel.
Ne pas avoir la perspective de la totalité, juste vivre dans l’instant présent et n’anticiper que celui qui vient. (ouvre la porte et laisse venir ... ).
En fait, je pense que le voyage est une formidable analogie de la vie. Soit je trouverai le chemin, soit je m’en ferai un ! J’ai bien failli reporter mon départ : l’an dernier après une phlébite d’enfer qui avait créé un vent de panique dans l’avion qui m’emmenait à Saigon, cette année j’ai eu une angoisse à l’aéroport : comme une oppression sur la poitrine. Un vieux Monsieur qui savait à quoi ressemble une angine de poitrine à appelé les services de secours de Charles de Gaule, et là je me suis offert (offert, façon de parler … avec l’ambulance et l'examen : un électroencéphalogramme je crois … un trucs machins avec des électrodes placées dans tout les coins - non pas là, Gaetan, pas là ... - et des exercices adéquats pour voir si vous faites pas d’angine de poitrine : j’ai vu mon budget grevé de 85 €). Ils ont été vraiment charmant quand même et m’ont expliqués que l’expatriation pouvait être à l’origine d’un sentiment de déstabilisation. Là où ils étaient moins sympa’ est qu’il voulaient pas me laisser prendre l’avion … Alors j’ai fait mon « Dehan » et tout est rentré dans l’ordre (mon copain Jean-Pierre il aime pas quand je fais mon Dehan ...).
Avec le recul, je me rend compte que le Vietnam va guérir mes peines, mes souffrances et ma colère.Et c’est cet amour qui jour après jour et encore actuellement me permet de me reconstruire. Les piliers de ma vie sont François et Thuy. Désolé pour l’ordre dans lequel j’ai placé ces noms ... Mais c'est LUI d'abord. Et elle sait. Punt aan de lijn.
D Day – 35.
Je décompte les jours depuis – 100. Nous somme en novembre.
Déjà un avant goût de l’hiver. Liège est grise, le vent transperce les vêtements. La grande fête foraine annuelle touche à sa fin.
Je crèche chez un pote à présent. Ayant viré et revendu mes meubles pour enfin quitter l’appart’ ou zonaient tous les fantômes du bonheur.
Tien, les potes … je vais les regretter, sûr. Mais les cacas sur les trottoirs, le ciel et la Meuse charriant ses détritus, nos querelles belgo-belges, les mafieux du PS qui piquent dans les caisses, qui touchent des pots de vos de vins, qui s’auto-amnistient et qui créent des emploies fictifs (en tout cas moi, je ne ment jamais, sauf quand je lis le journal tout haut), plus tous les autres "bas d'plafond", le temps passé à m’y retrouver dans le droit fiscal, attraper les feux rouges et courir après le temps, les banlieues à traverser plein pot … non ! Marre aussi de marcher la tête rentrée dans les épaules et traverser la vie et la ville à me demander « quand est-ce que cela va être mon tour » … Marre de déchirer des PV quand je reprend ma caisse. Marre de changer des pneus crevés. Marre de bouffer des harengs tout seul le soir, à poil adossé au buffet de la cuisine en tentant de me persuader que je suis heureux. Marre aussi de ne pas voir plus de 20 personnalités politiques, artistiques, littéraires qui aient quelques choses de censés à dire. J’aime même tenté de payer les impôts avec le sourire mais ils préfèrent le pognon. (Et puis merde, l’argent des uns n’a jamais fait le bonheur des autres ! De plus, comme le disait le vieux proverbe chinois : "Qui paye ses impôts, vole sa famille ..." !). Si Moïse avait été politicien, il n’y aurait pas eut les Dix commandements, mais les dits suggestions. Marre de voir des gens qui seraient capables de tuer pour obtenir le Prix Nobel de la Paix ! Marre aussi de la recherche de stationnement, l’idéal étant d’acheter une voiture déjà garée ! Marre aussi des branleurs qui transforment : « L’amour est enfant de bohème ». Marre aussi des ex-correspondants de guerre qui viennent faire les nostalgiques et que je rencontre à Saigon, pompant leur oxygène dans l’air conditionné des palaces, puisant leur inspiration dans du Chivas Régal et cueillant des info’ dans les communiqués de presse dont ils trouvent un exemplaire dans les journaux sur les plateaux du petit déjeuner.
Dans le même genre : ce qu’il y a de bien dans les rédacteurs de guides de voyages : leur manque de vécu : ils le compensent très largement en connerie.
Je me dit aussi souvent qu’une femme ne peut vous aimer de façon durable pour votre argent : le jour ou y en a plus forcément qu'elle vous aimera nettement moins ! J’en connaît une, elle était tellement vénale, que si vous lui passiez la Visa dans la fente du cul, elle vous débitait fissa de 100 $ !
Certes, pas nécessaire de se retrouver dans le Delta du Mékong pour se poser la question qui nous taraude tous : « Mais Bordel de Dieu, qu'est ce que je fout ici » ?
Ou encore : « Quel est le sens de ma vie » ?
Et surtout ne pas oublier : « Kes t’as fait à bouffer ce soir « ? En tout cas dans mes rizières, j’ai plus de chances de mourir en bonne santé, non ... ? Hier à un mariage dans le village de Thuy j'ai rencontré un gars qui a sauté sur mine en '78 (3 ans après la fin de la guerre ...), il y a laissé ses yeux, une main, mais a gardé un humour démentiel à me faire pisser de rire durant toute la fête ! On s'est torchés à l'alcool de riz ! (Sorry Marc ...) Une bringue d'enfer ! Durant cette fête je me suis rendu compte à quel point les gens d'ici me considèrent comme l'un des leurs. Même qu'ils ne cessent de me parler en patois !!!
François a déjà pris ses quartiers chez sa sœur Julie, une vrai petite mère pour lui.
Avec François, quelques fois, en taillant le bout de gras nous sentions le départ-déchirure arriver.
Nous ne nous le disions pas, tout étaient dans les attitudes, les regards, les non-dits …
Déjà le temps des serments et promesses. J’ai confiance, il sera de parole.
Nous parlerons sur MSN en web cam, le samedi soir … en attendant juillet-août. Et puis bordel de merde : "le temps nourrit la raison", non ? Autre chose : nous ne nous disons pas assez "je t'aime" ! Même entre père et fils ...
D-Day – 30.
Le pote ou je crèche est un ami italien de Cheratte. Célibataire et aussi joyeusement bordélique que moi. On déconne à fond, il me fait des pâtes comme la-bas, (il me fait aussi d’autres trucs infâmes, végétarien comme c’est pas possible : des tambouilles au fromage blanc … moi qui suis viande rouge, l’enfer quoi ! Et surtout il me fait passer l’envie de visiter la Sicile avant bien longtemps …), je taquine son chat, et il me parle, (Rodolphe, hein ! Pas le chat !) Par contre son chat, je l'adore : il sent bon et quand je siffle il accourt … A propos des chats Brigitte Bardot à dit : « C’est un cœur avec des poils autour ». Je ne me livrerai à aucun commentaire …
Rodolphe, pour revenir à cet être exquis (j’ironise pas là), je lui parle et comme dans toute thérapie de groupe qui se respecte les fantômes du passé ressurgissent.
Bonjour les cauchemars … Rock’N Roll …
Bon, on n’est pas des PD quand même ! Mais qu’est-ce qu’on rigole …
(Mais quel démon n'habite ? ... Mwouais, moyens je sais, mais pas facile à placer celle-là, faut reconnaître … alors j'en profite ! )

Le grand saut approche. Plus proche de la misère ; cela aide à devenir moins con et vous rapproche de l’essentiel …
« De loin j’ai cru que c’était une bête. Quand il s’est approché j’ai vu que c’était un homme. Et de plus près, là, j’ai reconnu mon frère ». Proverbe arabe.
A 18 ans je me souviens que je voulais porter mes idéaux comme les guitar-heros de l’époque tenaient leur gratte : les couilles en avant, mais cela n’a pas tenu des masses …
Je vais remettre le couvert avec l'humanitaire. Je sais que je vais pas changer le monde, mais si je sauve, un, deux ou trois gamins, c'est déjà bien je crois.

Je ne vais pas démarrer au Vietnam avec uniquement que de bonnes cartes en main …
Mais comme certains chevaux qui partent avec un handicap, je pourrai bien créer la surprise à l’arrivée …
Avec le recul, je reconnais que les épreuves m’ont appris à me contenter de ce que la vie me donne. Jour J. Je dégage de chez mon ami Rodolphe. J’ai droit un dernier petit déj’ d’enfer; il a surtout fait des efforts pour son café matinal : soit il a changé de chaussette, soit il a mis moins de chicorée … soit il a enfin mis du café …

Saigon ! J’y suis ! Par le pur des hasard je passe par Vo Van Than street, cette rue ou se situe le musée de la guerre de Saigon, un truc m’interpelle (wiwi, encore …) : chaque fois qu’un animal n’est pas abattu dans les règles dans nos abattoirs, Bardot pousse des cris de vierges effarouchée (preuve déjà, qu’elle possède encore une bonne mémoire !), hors ici, quand un gosse saute sur mine à la frontière cambodgienne et qui traîne de ci de là … pas un entre filet dans le moindre canard ! No comment ...
Je lis beaucoup la presse américaine ici, c'est très instructif : saviez-vous qui est John Babitt ? Et bien, c’est l’américain dont l’épouse a tranché le sexe avec des ciseaux ! Mais je ne lis pas que la presse américaine. Saviez-vous que la Bible et le Coran ont un furieux point commun ? Eh oui : ils tombent tout deux d’accord à propos de la supériorité de l’homme sur la femme …
Thuy, ma compagne (rassurez-vous les pudibonds : le mariage est dans l’air), m’a emmené à l’opéra de Saigon pour fêter mon arrivée. Une troupe européenne était de passage. J’aime bien l’opéra. Le bâtiment évidemment. Pas le spectacle. Franchement, des mecs qui se trouvent devant des nanas de 150 kg en leur chantant : « Je te protégerai mon fin roseau, mon petit être fragile » ! En cas de danger ils n’arriveraient même pas à faire décoller leur « petit être fragile » ! Il leur faudrait une benne !
Plus prosaïque : ma quête de travail : 4 ouvertures ; l’une dans le tourisme comme guide, l’enseignement pour diriger des ateliers de conversations, (je démarre dans qqs jours chez eux); une compagnie française qui dois me préciser ses attentes et la dernière dans la machine à coudre ( un ami pilote de ligne canadien, Pierre Simard, qui vole pour une Lowe Cost. au Japon - mais qui réside ici - qui avaient compris mon inquiétude en lisant entre les lignes de mes emails – nous correspondons énormément – avait parlé de moi à un homme d’affaire grec qui vit entre Londres, Hong Kong, Budapest, Le Caire et Sydney. Ce dernier ayant besoin d’un responsable pour son siège vietnamien … Rock'N Roll les copains !)
Bon, comme le disait si bien mon grand-père : c’est bien beaux les projets mais « tout cela ne nous rendra pas le Congo » ; malgré tout je suis assez satisfait de mes premières promesses d’interviews en … 2 jours !
Je me suis remis à la moto, une 125 CC qui arrache pas mal. (sic le flic de mon quartier : "Le sot de l'an dernier est revenu"). Je me surprend quelques fois à lâcher les chevaux. Va falloir faire gaffe … Sans Sécu en plus. Encore que, si je devais me viander, il y a assez de toubibs parmi mes potes qui m’arrangeraient bien le coup. Mais bon, tant qu’à faire, si je pouvais mourir vieux et en bonne santé, je suis pas contre …L'humanitaire n'a pas encore totalement repris le dessus, mais je revois "mes pauvres". Histoire de rassurer les troupes et d'expliquer le pourquoi de mon long "silence radio".
Je ne suis plus seul la nuit : celles-ci sont partagées avec un cafard. Pour m’assurer qu’il est pas venu avec toute sa famille, je lui ai fait une marque au T Pex sur le Dos ! (c'eut été plus malin de le larder, mais c'est mon côté bouddhiste, j'épargne la vie animale au max')
Je lui parle quand je me sent seul. Je suis devenu « L’homme qui murmurait à l’oreille des cafards » !
Gaetan, est photographe de mode et nous avons adhéré l'un à l'autre, surtout dans l'humour. Avec Stiff, Dom' et Solange il a abattu un boulot fatanstique en septembre : réfection d'une école primaire chez Soeur André ! http://www.sodogast.skyblog.com/ et http://users.skynet.be/projetvietnam2006/ Ses 3 amis sont rentrés en Belgique, mais nous allons poursuivre à nous deux : il y a un marigot à combler d'urgence et un réfectoire à construire. 1.900 € devraient suffirent. Arnaud l'un de ses potes venu nous voir avec Charlotte sa copine se charge de faire les ronds ... belle la vie, nan ? Gaetan, l'humour et moi ... Vous avez remarqué sans doute cette mode qui consiste à broder des lettres à l'arrière des Jean's des filles ? Cela a fait dire a Gaetan que c'est bon pour enseigner la lecture aux petits, vu que c'est à leur hauteur et il lui est venu l'idée que l'on pourrait aussi enseigner le braille de cette manière ... Bon, passons, passons ... Gaetan et moi projetons d'ouvrir notre propre boite ici. Wait ...
Lors de l'une de nos scéance de délire, nous avons suggéré que nous pourrions appeler baptiser l'action dans l'école de Soeur André : "Ensemble, sauvons le trou de Soeur André" ! Encore très très moyens .... Mais après 20 Saigon Beer ...
Plus je regarde Thuy, plus je me dis que j'ai de la chance. Punaise ... Je suis dans Internet Café là. Et une cone me drague en lisant par dessus de mon épaule. C'est certain : elle lit pas le français, sinon, vous pourriez pas me lire .... me serai fait trucider depuis les qqs lignes qui prédèdent ..
Ce sont les Dieux sans nul doute qui vivent ici ; il n’y a plus de places pour les hommes.
Les clébards !!!! La nuit dernière il y en a un qui a fait un de des raffuts … ils en mangent pas assez je vous dit … Je suis bien ici, vous le savez. Mais il y a encore quelques trucs qui "accrochent". Ce matin, je vois une fille splendide, jean's ceintré, des nibars comme des têtes d'obus, des cheveux qui vont jusque ... là et même plus bas, des yeux en amande. Et soudain ! Gros raclement de gorge et elle envoit un molard mourrir à mes pieds ! Non là, sorry ...
Rock N'Roll attitude, ok ..., mais j'assure plus là !
Nouvel An vietnamien : les prix montent et cette année je me sent à peu à l'écart de la liesse générale. J'attend que la vie reprenne son cours normal, car en période de festivités tel le Têt tout tourne au ralenti. Si je devais faire un bilan après ces quelques semaines d'un voyage qui soit autre chôse que du tourisme ou de l'humanitaire. Ben, à peu près comme l'histoire du verre qui est à moité ... plein ! J''espère que nous garderons le contact, car ouvrir hotmail en voyant vos noms qui s'affichent c'est pas dégueu', croyez moi. Les amitiés se sont renforcées avec mon départ. Mais dites vous bien que nous ne nous reverrons pas avant une pêtée d'années.
Si d'aventure je reviens ... Mais qui sait de quoi demain est fait ... ?
Et surtout à combien de pages de la fin du Grand Livre je me trouve ...

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